Rhône-Alpes et la Vallée d’Aoste signent une charte de coopération pour l’arpitan

Le francoprovençal, ou arpitan, est une langue romane minoritaire parlée dans les montagnes du Rhône-Alpes, de la Vallée d’Aoste, et de la Suisse romande. Longtemps marginalisé par les langues nationales, il est aujourd’hui en voie de disparition. Face à cette situation alarmante, les autorités de Rhône-Alpes et de la Vallée d’Aoste ont signé en 2009 une charte de coopération visant à préserver ce patrimoine linguistique unique.


Une langue au bord de l’extinction

Classé comme sérieusement en danger par l’UNESCO, le francoprovençal a vu son usage décliner drastiquement au cours du XXe siècle. La montée en puissance des langues dominantes comme le français et l’italien a conduit à une marginalisation progressive de l’arpitan, limité aujourd’hui à des usages familiaux et à quelques expressions locales.

La langue a pourtant laissé une empreinte indélébile sur les toponymes, la culture orale, et les traditions des régions alpines. Préserver cette langue, c’est protéger une part essentielle de l’histoire des communautés montagnardes.


Les objectifs de la charte

La charte linguistique signée entre Rhône-Alpes et la Vallée d’Aoste repose sur des piliers essentiels :

  1. Sauvegarder le patrimoine linguistique :

    • Collecte des récits oraux et des chansons traditionnelles.
    • Création de bases de données numériques pour archiver les dialectes locaux.
  2. Promouvoir l’enseignement de l’arpitan :

    • Mise en place de cours dans les écoles, collèges et universités.
    • Développement de supports pédagogiques en francoprovençal.
  3. Soutenir les échanges culturels :

    • Organisation de festivals et de conférences sur le thème de l’arpitan.
    • Promotion de jumelages entre villages pour renforcer les liens transfrontaliers.
  4. Renforcer la visibilité :

    • Traduction de panneaux de signalisation en francoprovençal.
    • Publications multilingues mettant en avant les spécificités de la langue.

Les réalisations depuis 2009

Depuis la signature de la charte, des progrès significatifs ont été réalisés :

  • Éducation : Des écoles en Vallée d’Aoste et en Savoie proposent désormais des cours d’arpitan. Les enseignants bénéficient de formations spécifiques pour transmettre efficacement la langue.
  • Culture : Des festivals comme l’Arpitan Fest et la Fête de la Langue Francoprovençale attirent des milliers de visiteurs chaque année, offrant un espace de rencontre et de partage.
  • Technologie : Des applications et des dictionnaires en ligne ont été développés pour rendre la langue accessible à un plus grand nombre.

Un défi pour l’avenir

Malgré ces avancées, le chemin est encore long. Le nombre de locuteurs continue de diminuer, et la transmission intergénérationnelle reste limitée. Les signataires de la charte appellent à une mobilisation accrue pour assurer la survie de l’arpitan dans les décennies à venir.


La charte linguistique entre Rhône-Alpes et la Vallée d’Aoste est bien plus qu’un accord administratif : c’est un symbole de la volonté de deux régions de préserver un héritage commun. À travers l’enseignement, la culture et la collaboration transfrontalière, cette initiative montre que la sauvegarde du patrimoine linguistique est possible, à condition d’unir les efforts. L’arpitan, bien que fragile, demeure une source de fierté et d’identité pour les communautés alpines.